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C’est avec une profonde tristesse que Les Grands Ballets ont appris ce matin le décès de Vincent Warren (1938-2017), danseur emblématique de la compagnie de 1961 à 1979, professeur, historien de la danse et ancien conservateur de la Bibliothèque de la danse. « Vincent Warren aura marqué le monde de la danse au Québec, non seulement par son immense talent, mais aussi par son grand cœur et la passion pour son art, souligne Alain Dancyger, directeur général des Grands Ballets.
L’ensemble de ses réalisations, en tant que premier danseur des Grands Ballets, enseignant et conservateur, est remarquable. Il a grandement contribué à immortaliser les grands moments de l’histoire du Québec, tout comme il aura, lui aussi, marqué l’histoire des Grands Ballets. »
Originaire de Jacksonville en Floride, boursier à 17 ans de l’École de l’American Ballet Theatre, Vincent Warren danse pour le Metropolitan Opera Ballet de New York quand il fait la rencontre de Ludmilla Chiriaeff au début des années 1960, qui l’invite à se joindre à sa compagnie nouvellement fondée, Les Grands Ballets Canadiens. Commence alors une collaboration fructueuse qui durera jusqu’en 1979, année où Vincent Warren prend sa retraite, après avoir interprété les grands rôles du répertoire classique ainsi que des œuvres plus contemporaines, notamment celles de George Balanchine, de Maurice Béjart et de John Butler, et celles des chorégraphes des Grands Ballets, Ludmilla Chiriaeff, Fernand Nault et Brian Macdonald. Ce dernier lui dédie d’ailleurs, pour sa soirée d’adieu à la scène, le solo Adieu Robert Schumann (1979).
Comme danseur, Vincent Warren incarne un idéal de beauté, de charisme, d’expressivité et de sensibilité. L’humanité, la générosité et la richesse intérieure de ce grand artiste et homme d’exception transparaissent dans sa danse. Au cours de sa carrière, il sera un partenaire de choix pour des premières danseuses telles que Annette av Paul et Ghislaine Thesmar, sans oublier Margaret Mercier, avec laquelle il interprète le court métrage expérimental Pas de deux (1968) du cinéaste d’animation Norman MacLaren. Passionné par l’art sous toutes ses formes et par l’avant-garde chorégraphique depuis ses expériences à la Judson Church, il danse également pour Françoise Riopelle et Jeanne Renaud avec le Groupe de danse moderne de Montréal, et collabore par la suite avec le Groupe de la Place Royale pendant plusieurs années, auprès de Jeanne Renaud et de Peter Boneham.
Après sa carrière de danseur, il se consacre à l’enseignement à l’École Supérieure de ballet du Québec et donne de nombreuses conférences dans plusieurs institutions d’enseignement au Canada, aux États-Unis et même en Inde. Pendant des années, soit de 1992 au début des années 2000, Vincent Warren a animé les rencontres avec le public avant les spectacles des Grands Ballets à la Place des Arts. Il est également demeuré très impliqué dans la compagnie, notamment dans l'Association des anciens danseurs des Grands Ballets.
Son intérêt pour l’histoire de la danse et son insatiable curiosité intellectuelle l’amèneront à contribuer à l’essor de la collection de la Bibliothèque de la danse qui porte aujourd’hui son nom et dont il sera conservateur de 1979 à 2007.
De nombreux prix et distinctions ont jalonné le parcours de Vincent Warren, notamment la Médaille du Jubilé de la Reine-Elizabeth (1975), le Dance in Canada Service Award (1984), le Prix Denise-Pelletier (1992), décerné par le gouvernement du Québec, l’Ordre du Canada (2004) et, le printemps dernier, l’Ordre des arts et des lettres du Québec (2017).
Avec lui, c’est un grand pan de l’histoire des Grands Ballets qui s’en va. Adieu Vincent et merci !