Succès du Ethnic Show au festival Just for Laughs

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Crédit photo: Lotus Photography

Rire en anglais pendant toute une soirée est quelque chose que je n'avais jamais encore vraiment expérimenté avant. Avant jeudi dernier où je me suis rendue au Club Soda afin d'assister au Ethnic Show, une soirée d'humour politiquement incorrecte mettant en scène des humoristes anglophones, ainsi qu'un certain… Rachid Badouri.

Rire et faire rire en anglais

C'est l'humoriste Alonzo Bodden qui avait le mandat d'animer ce spectacle sous le thème de l'ethnicité présentée dans le cadre du Festival Just for Laughs le 9 juillet dernier. Un animateur allumé et au sens de la répartie savoureux, qui s'est fait un malin plaisir à faire des blagues sur les noirs (il en est un), les blancs et le racisme. Ses invités de la soirée? Le québécois d'origine marocaine Rachid Badouri, l'Anglaise d'origine africaine Gina Yashere, le «musulman» (ainsi se plaît-il à se décrire) Ahmed Ahmed, l'Asiatique Ronny Chieng, le «faux juif» Dan Naturman et l'italien Frank Spadone.

Ces humoristes sont montés sur les planches du Club Soda ce soir-là dans le but avoué de «représenter une ethnie» et, évidemment, de faire rire les gens en se moquant eux-mêmes de celle qu'ils représentent.

L'humoriste Frank Spadone a ainsi mis de l'avant l'excentricité et le caractère mélodramatique de ses compatriotes italiens. «Nous sommes incapables de répondre à une question simplement. Il faut toujours que nos réponses soient longues et dramatiques», a-t-il expliqué. Du lapin de Pâques à la fête de Noël en passant par le changement de sexe de celle qui se fait aujourd'hui appeler Caitlyn Jenner («être une femme c'est beaucoup de boulot!»), les sujets abordés étaient aussi variés que comiques.

Admiratrice de la première heure de Rachid Badouri, c'était la première fois que je voyais l'artiste québécois faire rire en anglais. Aussi désopilant dans les deux langues, il a fait rire la foule aux éclats avec ses mimiques habituelles, son nom prononcé à l'anglaise, le récit de son arrivée au Québec, ses imitations de Québécois s'exprimant en anglais, le fameux thème des terroristes, l'anglais imparfait de son père et ses souvenirs d'enfance au Québec. Il n'y a alors plus eu de doute, l'humoriste excelle dans tout ce qu'il fait, peu importe la langue.

Pour sa troisième participation au Just for Laughts Festival, Dan Naturman a misé sur des thèmes éternels comme le mariage, le fait d'être parent, la température, la politique et le racisme. «Je représente le juif même si je ne suis pas juif. J'ai l'air d'un juif!», a-t-il lancé d'emblée.

La seule humoriste féminine du spectacle, Gina Yashere, représentait à la fois l'Angleterre et l'Afrique, plus précisément le Nigeria. «Je me suis rendue au Nigeria pour retrouver mes racines africaines, a-t-elle expliqué. Pour me rendre compte que mes racines étaient… à Londres.» «Nigera scared the shit out of me, c'est un endroit qui fait peur!»«À Hollywood, il n'y a que deux sortes de femmes noires, a-t-elle ajouté: Halle Berry et Precious.» L'artiste homosexuelle a aussi évoqué sa sortie du placard, ce moment où elle a choisi «d'amortir le choc» en annonçant d'abord à sa mère qu'elle était végane, puis qu'elle était lesbienne.

Ahmed Ahmed (!) s'est ensuite décrit comme «un musulman et le deuxième arabe du spectacle.» «Je ne peux même pas faire voler un cerf-volant dans ce pays», a-t-il lancé en évoquant le terrorisme et les préjugés lorsque l'on porte un nom tel que le sien. Les nouveaux cougars, les juifs et la religion se sont glissés dans son comique monologue. «Moïse fumait du pot, c'est certain! Pourquoi pensez-vous qu'il s'est perdu dans le désert pendant 40 ans?»

Quant à l'Australien d'origine chinoise Ronny Chieng, il a effleuré des thèmes aussi divers que la Saint-Valentin, les vols et les compagnies aériennes à petit budget et les gênantes habitudes des familles chinoises lorsqu'ils partent en voyage. «Lorsque je vois une famille chinoise devant moi aux douanes à l'aéroport je me dis Svp, ne nous faites pas encore honte, mais c'est ce qu'ils font à tout coup lorsque l'on découvre ce qui se trouve dans leurs bagages.»

Au terme de ce spectacle bien trop court (moins de deux heures incluant un entracte d'une vingtaine de minutes), je me suis demandé pourquoi je ne m'accordais pas plus souvent le plaisir de rire en anglais… Une expérience que je me promets de répéter bientôt.