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Il n'y avait que Daniel Bélanger pour me faire sourire. Après une semaine en dents de scie, il n'y avait que sa voix pour m'arracher un sourire qui allait tenir toute une soirée. Car impossible de regarder Daniel Bélanger s'amuser comme un petit fou sur scène sans ressentir de pur bonheur, sans fermer les yeux parfois - souvent - pour se laisser imprégner de la perfection du moment. En entamant sa tournée Paloma de la sorte jeudi soir dans un Métropolis rempli à craquer d'inconditionnels, Bélanger a prouvé que son œuvre, comme son amour évident de la scène, est intemporelle.
Daniel Bélanger est un grand poète. Si je me régalais de ses mélodies du temps où les insomniaques s'amusaient, je saisis encore mieux aujourd'hui la puissance de ses mots, de sa poésie. Il m'a semblé, hier soir, flotter à ses côtés dans un espace-temps plus tout à fait défini. Un endroit où chaque mot prend tout son sens, où la musique devient la réponse à toutes les grandes et les petites questions en pansant toutes les blessures. Entre les nouvelles petites douceurs à saveurs indiennes du grand Paloma (le dixième album en carrière de Bélanger) et les dizaines de pièces cultes ayant forgé tout un imaginaire, aucun répit, aucune place pour l'imperfection.
Merci d'être là, merci d'être venus en si grand chiffre, a-t-il lancé à la foule déjà conquise en début de spectacle. Je ne me suis pas retrouvé ici depuis 7 ans, je ne sais pas trop pourquoi, mais me voilà!
Vêtu de noir des pieds à la tête, les cheveux en bataille comme il se révèle dans nos souvenirs, l'auteur-compositeur-interprète s'est donné tout entier le long de ce spectacle de deux heures trente partagé en deux parties. Et la liste des chansons qu'il s'apprêtait à livrer était la même que celles de nos envies.
Amusons-nous, les semaines sont difficiles, laissez-vous aller, a-t-il ajouté alors que j'avais l'impression qu'il s'adressait directement à moi. Il y a des chansons que vous allez reconnaître, du moins je l'espère, sinon il y a un problème, a-t-il ajouté en riant.
Sur fond de superbes projections numériques mouvantes, il a enchaîné les succès comme on enchaîne les souvenirs les plus heureux ou les plus doux: Chante encore, Sortez-moi de moi, Les temps fous, la si belle Tu peux partir, En mon bonheur, Fou n'importe où, l'éternelle Dans un Spoutnik et la pleine d'espoir Intouchable et immortel ont fait filer à toute vitesse la planante première partie. Parce que Bélanger et ses amis musiciens - les talentueux Guillaume Doiron (guitares), Alex McMahon (batterie), Alain Quirion (multi-instrumentaliste) et Jean François Lemieux (basse) - avaient clairement choisi de créer une soirée et une ambiance planante en modifiant juste ce qu'il faut certaines pièces pour que les yeux se ferment et les bras se tendent.
En deuxième partie du spectacle, Daniel Bélanger s'est concentré sur Paloma, ce tout nouvel album qu'il était visiblement fou de joie de présenter à son monde, ses amis et ses fans de la première heure. Les nouvelles Il y a tant à faire - qui avait déjà des airs de grands succès - Métamorphose, Ère de glace, Le fil et Perdre (aux jolies influences indiennes) ont été parsemées de pièces cultes comme les grandioses Opium et Rêver mieux, Te quitter et Parapluie.
En rappel, point de Sèche tes pleurs, mais plutôt les vénérables La folie en quatre et Ensorcelée livrées avec le même enthousiasme et la même ardeur que si elles étaient chantées pour la toute première fois. Sublime Paloma, sublime Bélanger.
-Pour plus d'informations sur la tournée Paloma de Daniel Bélanger (dont on annonce déjà une supplémentaire à Montréal le 17 juin prochain à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts dans le cadre des Francofolies): http://www.danielbelanger.com/paloma-nouvelalbum