«Outrages ordinaires» à L'Espace libre - Héros des temps modernes

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Présenté jusqu’au 26 mai à l’Espace Libre, Outrages ordinaires, création coup-de-poing de la compagnie Le Cri du Tigre, rend hommage aux immigrants illégaux qui, par centaines de milliers, bravent angoisses et atrocités en quête de la terre promise. À mi-chemin entre le théâtre et le cinéma, la pièce plonge le spectateur dans une atmosphère où l’insouciance n’existe plus, dans le monde des héros des temps modernes.

Survivre, rester debout, malgré la fatigue, la douleur, la soif… les migrants clandestins connaissent. Autant que les barbelés sur leur passage, que les pilleurs qui leur dérobent le peu d’argent qu’ils ont. De l’autre côté des frontières se dresse un Occident d’espérance, symbole de la délivrance. C’est sur ce thème que s’est concentrée l’auteure franco-suisse, Julie Gilbert, lorsqu’en 2010, elle s’est isolée pendant trois mois dans la White Box du Grü. En est ressortie une poésie-performance aux propos crus, témoignages que l’on sait confrontés à l’ignorance et au jugement de ceux qui n'y connaissent pas grand chose.

«Moi qui était hondurienne, moi qui était gentille, moi qui était malienne, moi qui était sage, moi qui était respectueuse, je suis la bataille enchaînée à la rage.» Les mots des comédiennes Julia Perrizani, diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Lausanne en 2006, et Delphine Wuest, percutent, transpercent. Jaillissant de l’obscurité, ils sont porteurs de réflexion sur le monde hypermondialisé à travers lequel se multiplient inégalités et préjugés. «L’inégalité de nos systèmes prétendument démocratiques», dénonce le metteur en scène et fondateur d’Ex-Machina // arts contemporains, Fabrice Huggler, qui, avec le réalisateur Frédéric Choffat (A Nedjab, Monde provisoire, La vraie vie est ailleurs) et Julie Gilbert (A Nedjab, La vraie vie est ailleurs, My swiss tour), a assuré la production du drame.

Livré sans artifice, avec la participation du comédien Vincent Bonillo - l’écrivain cynique que rien ne semble ébranler et que l’on voit à l’écran seulement -, Outrages Ordinaires se raconte autour d’une longue table blanche faite de planches de chantier, sur de larges voiles blancs disposés à chacune de ses deux extrémités. Elle se dévoile à travers les visages aléatoires d’hommes et de femmes marqués par leur expérience, mais aussi à travers le regard des spectateurs que les deux comédiennes confrontent, leur jeu étant criant de sincérité.

«Vous vous sentez comment?» La question ultime… parce que les frontières sont à l’image des barrières que créent les hommes pour se protéger les uns des autres, pour se protéger d’eux-mêmes. Dans la foule occidentale qui dissimule les visages, les immigrants illégaux paraissent invisibles. Aussi invisibles que tout le monde, mais leur histoire n'a rien de commun.

L'Espace Libre
1945 rue Fullum
Montréal

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