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Sous le Grand Chapiteau du Cirque du Soleil, loin, très loin des derniers relents de froidure de l'hiver, on nous a fait plonger dans un songe aux saveurs mexicaines. LUZIA, une enfilade de moments forts à travers la pluie (lluvia en espagnol) et la lumière (luz), se présente comme une promesse doucement tenue, un rêve à la hauteur de l'imaginaire. Visuellement inspirant, acrobatiquement époustouflant, LUZIA tend ses mains, ses bras puis tout son corps vers nous, simples humains, jusqu'à nous prendre entièrement au coeur.
Un Monarque qui déploie ses ailes immenses en signe de bienvenue. Un clown tombant joyeusement dans le vide, sans peur et sans parachute. Un cheval de fer qui s'avance doucement. Puis une bande de colibris prenant d'assaut - dans un numéro de sauts acrobatiques mené tout en finesse - une scène circulaire, mouvante et ingénieuse. Le numéro d'ouverture allait donner le ton à ces quelque deux heures de rêve éveillé qui se trouvaient devant nous. Les soirs de première ne font pas exception aux autres soirs passés dans la bulle du Cirque du Soleil; ils sont bouleversants, exceptionnels et lumineux.
Le cirque le plus populaire du monde a, en quelques minutes, gagné son pari. En chavirant tout d'abord les coeurs à grands coups de sublimes chants mexicains, en laissant cette femme acrobate s'envoler et faire sien chaque recoin de l'air dans la plus belle des chorégraphies au sol et en regroupant sur scène ces musiciens rieurs aux têtes d'animaux exotiques et parfaitement fous.
La 38e fière création du Cirque du Soleil est construite comme un vrai cirque et c'est tant mieux. Sous le grand chapiteau, les numéros se succèdent, fascinants et éphémères. Le clown fait rigoler. Les acrobates défient toutes les lois de la gravité. Le contorsionniste fait geindre la foule. Et la trapéziste, à l'instar de ses deux amies évoluant à l'intérieur d'immenses cerceaux, virevolte à travers une forêt magique où tout semble soudainement possible.
LUZIA est à l'image de ce Mexique qu'elle célèbre: colorée, inspirante, joyeuse et vraie. Heureuse à travers ses véritables chutes d'eau venues d'on ne sait où et recouvrant à plusieurs reprises les artistes comme cette terre mexicaine (il faut voir les formes magiques qu'elles arrivent à créer; splendeurs irréelles d'une infinie beauté!) Souriante et sans peur malgré les hauteurs et ces limites toujours repoussées. Exaltée par les beautés du monde; la nature et les éléments gravitant dans ce monde imaginaire.
C'est la musique qui tient le rôle principal de cette danse énigmatique qu'est LUZIA. Un amalgame de pièces entraînantes et ensoleillées comme le Mexique et de chansons livrées de façon puissante et toujours émouvante sur scène. LUZIA musicale à la mexicaine, comme un banquet où tous les invités seraient juste assez fous pour croire en leurs rêves.
De ce songe éveillé, plusieurs images, fortes, se faufilent et s'imprègnent jusqu'au fond du coeur. Celle d'un Tarzan virevoltant et de son ami guépard tentant de s'apprivoiser doucement. Celle de ce papillon grandiose qui réapparaît avec bonheur. Et celle de la scène finale où les 44 artistes se retrouvent pour former, immobiles, le plus beau des tableaux mexicains.
Mercredi soir, les acrobates sur leurs balançoires ont frôlé les nuages, les plongeurs ont dansé avec les requins et le jongleur a transformé ses quilles en jets de lumière. Les spectateurs, eux, ont plongé dans un pays poétique et doux qu'ils auraient aimé ne jamais devoir quitter.
-Le spectacle LUZIA du Cirque du Soleil est présenté sous le Grand Chapiteau du Vieux-Port de Montréal jusqu'au 17 juillet.