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C'est grâce à India Desjardins si Simon Boulerice est entré dans ma vie. Dans d'une fête où nous nous sommes croisées, c'est elle qui m'a tout bonnement présenté ce Simon coloré dont le nom de famille se retrouve aujourd'hui sur toutes les lèvres. Honte à moi, je ne connaissais pas encore le personnage, ni même l'écrivain. «C'est un véritable génie», m'a chuchoté un ami qui avait lu Javotte. Je l'ai cru (cet ami), je l'ai lu (ce Simon) et j'ai tout compris.
Avant de tomber amoureuse de sa plume, de ses extraordinaires histoires ordinaires et de ses personnages idéalement imparfaits, je suis tombée sous le charme de Simon Boulerice, cet homme-enfant si attachant qu'on a l'impression de le connaître depuis toujours au bout de quelques petites minutes de conversation... tout comme on a l'impression de connaître ses personnages après quelques petites minutes de lecture.
C'est au cours d'un voyage en Haïti que j'ai dévoré Le premier qui rira, le plus récent roman du prolifique créateur devenu auteur coup de coeur d'un certain Michel Tremblay (rien de moins!) C'est à Port-au-Prince que les univers étrangement entrecroisés d'Alice, de Gabriel et de Xavier se sont insinués dans mes pensées, meublant davantage ce voyage déjà troublant. Et ce d'ailleurs sans savoir qu'il serait un peu question d'Haïti et de Port-au-Prince à travers leur histoire...
En fait, des liens entre ma petite vie et celles du trio de héros du Premier qui rira, il y en a des tonnes. De tout petits et de plus grands, d'émouvants et de tout simples. Et c'est ce qui m'a le plus touché de l'univers de Simon Boulerice; cette façon qu'il a de nous interpeller à travers de petits moments, des clins d'oeil de la vie que l'on est soudainement heureux de pouvoir partager, ne serait-ce qu'en pensées.
Simon Boulerice est sans doute devenu ce «génie» décrit par mon ami au fil de ses innombrables lectures (il faut voir sa bibliothèque personnelle submergeant son appartement, ces murs amoureusement tapissés de bouquins classés par auteurs, par ordre alphabétique et par coups de coeur!) Les multiples évocations d'auteurs, de dramaturges, de cinéastes ou tout autres artistes ayant touché d'une façon ou d'une autre, le jeune auteur, le prouvent: Boulerice s'abreuve de grandes œuvres et de petites références pour façonner des personnages aux caractéristiques surprenantes, aux attachants travers et aux grands quotidiens.
Entre les lignes du Premier qui rira, rien n'est laissé au hasard et tout est porteur de sens – à petite ou à grande échelle - pour l'original auteur. On se doute bien que des parcelles de l'un ou l'autre des drames intérieurs vécus par ses personnages furent, un jour, probablement siens. Et s'ils ne le furent pas, on y croit tout de même, tant l'écriture est personnelle, simple, prenante.
J'aime Simon Boulerice pour sa bouille sympathique, sa sincère simplicité et son amour évident de la vie (celle-là même qui le pousse à exécuter joyeusement un grand écart devant un groupe d'inconnus après quelques secondes de conversation!) Mais j'aime surtout Simon Boulerice parce que ce qui se trouve dans sa jolie tête est aussi fascinant que ce que l'on voit de l'extérieur. Parce que son œuvre est à la hauteur de sa réputation, que son intelligence ne s'empare aucunement de son égo (personnel ou littéraire) et parce que ses personnages me ressemblent sans véritablement me ressembler.
Je comprends pourquoi Michel Tremblay est tombé sous le charme de la plume de Simon Boulerice. Il se revoit certainement en lui, jeune écrivain prolifique boulimique d'écriture, mené par une inspiration presque magique. Il doit aussi être touché de retrouver des personnages dignes de Nana, d'Albertine et d'Édouard, dont les petites histoires forment une épopée extraordinaire que l'on aurait envie de voir se transformer, elle aussi, en saga.
Le premier qui rira de Simon Boulerice est publié chez Leméac