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L'Orchestre symphonique de Montréal (l'OSM) fête cette année ses 90 ans d'existence... Il fallait, bien sûr, fêter ça en grand! Pour cette occasion, l'orchestre nous a offert tout un concert! En première partie, la Messe glagolithique, (1926), du compositeur tchèque Leos Janacek, est une œuvre solennelle et grandiose, qui nous a ouvert l'appétit pour le feu d'artifice du Sacre du Printemps, de Stravenski, qui allait suivre en deuxième partie. Les solistes invités étaient Camilla Tilling, soprano, Rose Naggar-Tremblay, contralto, Ladislav Elgr, ténor, et Matthew Rose, basse, et le chef de choeur, Andrew Megill.
J'entends encore les notes résonner dans l'enceinte de la Maison symphonique, tellement le concert était magistral!...
Il y a eu, tout d'abord, un cocktail de bienvenue pour fêter, avec les proches afficionados de l'OSM, cet important anniversaire. Ce fut l'occasion de rencontrer enfin en personne ceux et celles avec qui on échange régulièrement pour la couverture des concerts. Cette agréable célébration nous a ensuite conduits à la salle de concert, où nous attendaient sur scène la centaine de musiciens ainsi que l'impressionnant choeur de l'OSM.
« Mené par l'intensité ». Jamais slogan n'aura-t-il été mieux choisi pour décrire la direction du chef Rafael Payare et le jeu des musiciens et chanteurs!
La messe glagolithique a été écrite pour grand orchestre, orgue, double chœur et solistes (soprano, alto, ténor, basse) et contient 8 mouvements. Elle ouvre avec les violons, qu'appuient et magnifient tout de suite les tambours, puis les trompettes... Puis les violons reviennent à la charge... Le ton est donné : ce sera une œuvre rythmée, solennelle, exigeante, où se répondent toutes les catégories d'instruments, jusqu'à enfler dans un parfait enchevêtrement et se terminer de façon éclatante. Le kyrie, plus apaisé, reprend la ligne mélodique avec les cors et les trompettes, puis avec les violons. Le Gloria fait ensuite entrer le choeur et la Soprano Camille Tilling, dans un dialogue avec les instruments, pour se terminer dans un crescendo grandiose. Dans l'avant-dernier mouvement, l'organiste Jean-Willy Kunz fera vibrer, dans un long solo, le magnifique orgue Pierre-Béique de la Maison symphonique. Enfin, le dernier mouvement, appelé Intrada, réintroduit la même ligne mélodique et tempo que l'introduction, pour terminer de façon grandiose et intense cette messe glagolithique.
Le sacre du printemps
La direction de Maestro Rafael Payare du Sacre du printemps, le soir du 12 septembre 2023, demeurera certainement dans les annales de la musique classique, comme l'une des meilleures directions d'orchestre ayant jamais existé pour cette œuvre magistrale... Quelle fougue et quelle coordination cela a pris pour diriger de façon si précise et si intense tout cet ensemble que constituent les musiciens et le choeur dans toutes leurs ramifications et l'énergie frénétique dégagée par cette pièce! Le Sacre du printemps est en effet l'une des pièces les plus rythmées et intenses de la musique, dont les codes rompent drastiquement avec ceux élaborés précédemment. A travers d'incessants rythmes martelés presque jusqu'à l'obsession et des brisures de tonalités rivales, l'oeuvre exprime le passage à l'ère industrielle, symbolisant le martèlement des machines. C'est une pièce révolutionnaire, qui a créé tout un chaos le premier soir où elle a été présentée, à Paris, en 1913.
Divisée en deux parties, L'adoration de la terre et Le sacrifice, le spectacle est ainsi décrit par Stravenski : « Un grand rite sacral païen : les vieux sages, assis en cercle, et observant la danse à la mort d'une jeune fille, qu'ils sacrifient pour leur rendre propice le dieu du printemps ».
Puissant, viscéral, d'une énergie frénétique, faisant sonner comme jamais tous les instruments et voix de l'Orchestre et du choeur de l'OSM!