Le loup, chez Duceppe : Un véritable petit bijou!

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Pour 4 soirs seulement, soit du 26 au 30 octobre, le Théâtre Jean-Duceppe nous offre Le loup, un véritable petit bijou ciselé dans les drames de la vie. Cette pièce, écrite par l'excellente dramaturge Nathalie Doummar, a été présentée tout d'abord dans les 5 à 7 du Théâtre Duceppe, en 2010, puis interrompue par la pandémie. On nous la présente ici dans toutes ses grosseurs - comme dirait VLB - et ce, pour notre plus grand bonheur... Courez-y!

Dans une mise en scène aussi sobre qu'efficace de Chloé Robichaud, Donald, défendu par Luc Senay, et Solange, par Maude Guérin, affrontent, avec toute la sincérité possible, la vérité de leur couple. Arrivés à l'âge des bilans - précipité par la maladie du conjoint- ce couple, qui a taillé depuis 30 ans sa relative paix dans le terreau du quotidien, se voit soudain confronté au mur de sa vérité.

Donald, la soixantaine, est atteint d'Alzeimer, et Solange, son épouse, de 12 ans sa cadette, le soutient corps et âme. Elle en a fait le centre de sa vie. Lors d'un épisode de lucidité, Donald cherche à racheter sa conscience d'homme -prédateur, en révélant les véritables intentions qu'il a eues à l'endroit de Solange, en l'épousant. Il lui avoue avoir voulu la priver de sa liberté, pour l'avoir toute à lui. En homme immature et égoïste, il a sciemment agi, durant toutes ces années, pour la river à la maison, en lui faisant 4 enfants, dont le dernier n'était pas désiré.... Solange a dû mettre ainsi au rancart ses rêves professionnels et personnels.

Dans un premier temps, celle-ci réfute carrément les dires de son mari. Elle est dans le déni total. C'est trop difficile pour elle que de s'avouer ces vérités. Puis, progressivement, elle baisse la garde et acquiesce aux réalités qu'il énonce. Elle est secouée par les secrets qu'il lui avoue. Elle, qui lui a tout donné, avait sciemment ou inconsciemment occulté bien des renoncements et des regrets. Aujourd'hui, alors que Donald n'a plus rien à perdre, il lui montre « sa grandeur d'âme et sa générosité » de vouloir la libérer de son emprise. Il veut « qu'elle vive et s'affranchisse de lui ». Solange a donc une double douche froide à vivre : celle de l'inutilité de son sacrifice pour lui – donc l'inutilité de sa vie - et celle de l'obligation de se prendre en mains pour enfin vivre ses rêves. Mais le temps a passé et il est maintenant trop tard...

La dernière réplique de Donald montre qu'au fond, il n'a pas changé : l'attention de Solange doit encore être complètement portée sur lui...

Excellente pièce, ciselée comme un petit diamant pur. Des comédiens hors pair pour livrer cette pièce. Une heure et dix de plaisir!

Crédit photos : Danny Taillon

Au Théâtre Jean-Duceppe, jusqu'au 30 octobre.

https://www.duceppe.com/