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Jorane est une artiste québécoise avant tout reconnue pour sa mélodie, son langage principal étant le violoncelle. C'est cependant l'amour des mots qui l'a conduite à lancer son dernier album où elle reprend des chansons qui l’ont accroché par la puissance de leurs mots.
Le titre de son nouvel album, « Une sorcière comme les autres » exprime la transition de l’artiste, cette sorcière à la voix d'ange, vers un côté de sa personnalité, un peu plus concret, qu’elle nous a dévoilé à son lancement, à la Chapelle du Bon Pasteur, lundi dernier.
«Une sorcière comme les autres»
L'inspiration pour cet album, entièrement composé de reprises musicales, lui est venue d'Anne Sylvestre. La découverte de la chanson « Les gens qui doutent » lui a donné l'idée de l'album mais c'est la chanson « Une sorcière comme les autres » qui lui a fait l'effet d'une révélation. Il n'y avait alors plus de doute dans l'esprit de Jorane; elle allait, à son tour, revivre ces œuvres à sa manière.
Pourquoi ne pas raconter ses propres histoires au lieu d'emprunter les mots d'autrui?
«Interpréter ces chansons me permet d’approfondir le processus des mots et de dévoiler un côté plus terre-à-terre de ma personnalité» me répond simplement Jorane, quelques instants à peine avant son lancement.
La talentueuse violoncelliste s’intéresse de plus en plus à la force des mots et à leur capacité à catalyser l'émotion qu'on rattache à nos souvenirs concrets. Elle s'approprie la puissance des textes et raconte avec émotion et concision des histoires intemporelles. Jorane nous livre ainsi une œuvre personnelle et authentique.
L'artiste s'exprimait originalement dans un langage qu'elle a elle même inventé pour les besoins de son art. Avec « Ver à soi », son dernier album de compositions, Jorane s'était déjà rapprochée des mots, dans leur forme purement poétique. C'est un pas de plus qu'elle franchit donc avec « Une sorcière comme les autres », en racontant des histoires concrètes et pas seulement des émotions ou des impressions comme c'était le cas auparavant.
Les projets futurs…
Malgré l'énergie qu'elle devra consacrer à la promotion de son nouvel album, Jorane semble avoir plusieurs idées de projets d'avenir.
Nous avons entendu dire qu'un projet de trame sonore, ainsi qu'un album de berceuses seraient en cours....
«Je n'ai rien de prévu côté trame sonore, mais si un contrat de trame sonore m’est offert, qu'il m'intéresse et se fond bien avec mon style, pourquoi pas! répond Jorane.
Pour ce qui est de l'album de berceuses, j'aimerais beaucoup en faire un jour, c'est un projet que je garde en tête. C'est les haïkus japonais qui m'en inspirent. Ces courts poèmes à l'émotion très douce et intense, presque volatile et qui vous prend pendant un court laps de temps, c'est le genre d'émotion que j'aimerais reproduire dans mes berceuses. Aussi, il est certain que mon rôle de mère m’inspire pour ce genre de composition, c’est ma douceur maternelle qui se transmet dans ces compositions.»
Allez-vous accorder autant, ou sinon plus d’importance aux mots dans vos prochaines compositions?
« Il y a une ligne très fine présente entre la mélodie et les paroles. Il est difficile d’intellectualiser si l’une a besoin de l’autre pour exister. Tout ça reste dans l’intuitif, le senti, l’émotion. Je souhaite demeurer dans la spontanéité. Si mes prochaines compositions nécessitent des paroles, il y en aura. C’est quelque chose d’intrinsèque. Par contre, il est certain que les mots sont devenus une nouvelle source d’inspiration.»
Et la musique…laissera des mots
On pourrait dire qu’en s’exprimant avec les mots d’autrui et en mettent l’accent sur ceux-ci plutôt que sur la mélodie, Jorane délaisse une partie d’elle-même, mais sa qualité, le langage de sa musique, de son violoncelle, n’en souffre pas pour autant. Dans ses interprétations, la place de la mélodie est tout aussi importante, elle nous accompagne et nous dirige avec une grande habilité vers les mots, leur puissance et leur histoire. On ne se souvient pas de la musique comme on se souvient des mots. C’est sur cette note qu’elle termine majestueusement l'album avec Je te laisserais des mots de Patrick Watson.
Écrit par Jessica Lauzon en collaboration avec Thomas Iczkovits