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Entrée libre
Un des peintres canadiens les plus difficiles à cataloguer, Joe Becker, exposera ses oeuvres au Centre Phi, du 5 au 22 juin prochain. Et le lancement de ses oeuvres récentes aura lieu en même temps que l’inauguration de La semaine de 8 jours de Renata Morales, une amie de l’artiste.
Réputé pour son côté marginal, Joe Becker est une figure unique de la peinture actuelle, dotée d’un sens de l’humour tout aussi unique : « La base conceptuelle de tout mon travail tire ses racines dans une certaine forme d’humour. » Joe Becker
Né en 1978, Joe Becker vit et travaille à Montréal. Diplômé du Ontario College of Art and Design, Joe Becker s’est très tôt passionné pour les peintres hollandais et flamands du XVIIe siècle, non seulement dans la technique employée que par les sujets abordés. Dans la plus pure tradition flamande, Joe Becker a ainsi
développé une virtuosité dans la pratique de la tempera sur panneaux, et développé un style et un bestiaire reconnaissables entre mille. Lors de sa récente résidence à Leipzig, la fréquentation de maîtres contemporains tels que Neo Rauch ou Tilo Baumgartel n’a fait que renforcer les exigences de ce peintre qui passe plus de dix heures par jour devant son chevalet.
Entretien avec Joe Becker
Q : En quelques mots, qui est Joe Becker ?
R : Ça, c’est une question difficile pour n’importe qui. J’ai cherché sur Google « décrivez-vous en quelques mots » et voici le top-3 des réponses données. Et deux d’entre elles me décrivent bien : honnête, responsable, déterminé.
Q : Métamorphoses, personnages hallucinés, lieux indéfinis, violence. Pour en arriver à des organisations plastiques aussi éclatées et étranges, comment vos inspirations se mettent-elles en place?
R : Depuis les 10 dernières années, disons que ma peinture repose sur le mauvais goût, l’humour aberrant, une certaine forme de narcissisme marginalisé qui peut être vu comme transgressif et antagoniste. Mais la base conceptuelle de toute mon oeuvre prend ses racines dans l’humour. J’ai toujours appliqué l’humour comme dispositif principal de communication : humour noir (très foncé), parodie, satire et absurde ; l’humour est primordial dans chaque tableau que je peins. La quasi-totalité de mes peintures a pour point de départ une certaine forme d’humour. Cela ne veut pas dire que je ne prends pas mon travail au sérieux. Au contraire ! Mais pour répondre à votre question, je ne peux jamais prédire le voyage que représente chacune de mes toiles. Elles sont, chaque fois pour moi, des surprises. »
Q : En regardant vos oeuvres, plusieurs références artistiques nous viennent à l’esprit : Marc Quinn, John Currin, des peintres flamands et hollandais du XVIIe siècle qui vous inspirent. On voit aussi une grande part de culture populaire, mais marginalisée, trash voire psychédélique. D’où viennent ces influences ? Qu’est-ce qui vous plaît dans cet amalgame improbable ?
R : Je me le demande moi-même. Parfois, je regarde mon travail et me demande : « Mais qu’est-ce qui ne va pas avec moi ? » Pour une raison que j’ignore, je suis attiré par ce genre de travail. Mon travail est un amalgame de fantasmes d’enfance, d’angoisse sexuelle d’adolescent frustré et d’obsession malsaine pour une forme de peinture désuète. Les références à la culture pop sont des dispositifs à déclencher le rire et servent de point d’entrée dans mon oeuvre pour le spectateur. Mon but n’est pas de choquer, mais je sais que les gens doivent surmonter le choc initial pour apprécier pleinement mon travail.
© Joe Becker
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Source: Centre Phi
Crédit photo: Centre Phi