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L'affiche était prometteuse, voire ambitieuse, et le public fut comblé. Pendant près de trois heures, hier soir au Centre Bell, les deux légendes vivantes de la six cordes, Jeff Beck et Eric Clapton ont offert à un public nombreux et conquis d'avance, un florilège de guitare aux accents éclectiques allant du Jazz-Rock pointu aux standards Blues les plus traditionnels.
Dans la catégorie pointue, un Jeff Beck décontracté ouvrait le bal à 19h30 précises sur les notes d'Eternity's Breath, morceau déconstruit qui allait donner le La des 45 minutes de sa prestation. Accompagné principalement par une formation Rock standard composée d'un batteur puissant, d'une bassiste on ne peut plus technique et d'un synthétiseur omniprésent, le prodige allait plutôt nous surprendre côté cour...
Car le grand Jeff était également accompagné, pour ne pas dire flanqué, d'une formation orchestrale classique principalement composée de cordes et emmenée par un chef en tenue d'apparat. Beck allait enchaîner invariablement morceaux Jazz-Rock solides et envolées harmoniques planantes, alternant ou alliant les deux types de formations musicales. L'accord orchestre à cordes et band Rock relève souvent de la gageure, et force est d'admettre que la sonorité du Centre Bell se prête mal à ce genre d'exercice. Néanmoins, les reprises subtiles de Corpus Christi et A day in the life des Beatles allaient permettre de belles envolées guitaristiques et l'appui du public. Début de soirée mitigée donc, mais la technique et le son vibrant de Jeff Beck restent intacts.
C'est avec l'entrée d'Eric Clapton, guitare folk en main, que le public du Centre Bell allait vraiment se réveiller, vers 20h30. Les premiers solos acoustiques de Slowhand faisaient mouche sur les classiques Layla et Running on faith. Puis God a rapidement tombé la veste et empoigné sa Stratocaster pour attaquer la portion électrique de son show en solo. Avec son sérieux habituel, Clapton allait délivrer de bonnes versions de ses tubes, de I shot the Sheriff à Cocaine en passant par Key to the highway. Les solos de guitares du britannique montaient alors en puissance et touchaient véritablement à la légende, à la grande satisfaction de l'audience. Le concert a alors pris sa tournure Blues-Rock, soutenue par une section rythmique impeccable et deux claviers aux improvisations inspirées.
On en avait presque oublié Jeff Beck lorsque ce dernier réapparut sur scène pour attaquer le gros morceau de la soirée : le jam entre les deux ''guitar heros''. On commençait fort avec Shake your money maker, suivi de Moon River et You need love qui allait constituer un des points d'orgue du concert. Oublié aussi le Jazz-Rock. Beck régalait dorénavant le public de solos de Blues puissants et Clapton lui rendait la pareille avec brio pour une montée paroxystique qui allait s'achever en standing ovation et un rappel sur Hi Ho Silver Lining et Crossroads. Accolade finale sur scène, les deux légendes ont regagné leurs loges, chacune de leur côtés.
par Bertrand Breuque
23 février 2010