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Du 17 janvier au 11 février, le TNM présente « Je t'écris au milieu d'un bel orage », une pièce sur l'Amour fulgurant et fusionnel qu'ont vécu l'actrice espagnole Maria Casarès et l'écrivain Albert Camus, à travers leurs échanges épistolaires et leurs brèves rencontres passionnées.
C'est à une véritable incandescence que nous convie le TNM, avec cet amour de feu et de braises ardentes qui se consume littéralement sous nos yeux, dans une mise en scène non moins éclatante, explosive et spectaculaire. Dans un décor intimiste, mais très signifiant, l'actrice Maria Casarès, joué magnifiquement par Anne Dorval, raconte, à la fin de sa vie, la relation passionnée et fulgurante qu'elle et l'écrivain Albert Camus (Steve Gagnon) ont entretenue, de 1944 à 1960, soit jusqu'à la mort de ce dernier.
C'est dans cette seule chambre à coucher parisienne, formée d'un large lit, bordé d'un L en céramique et de deux petits espaces de bureau distribués à gauche et à droite du lit, que se déroulera ce long dialogue amoureux, le plus souvent déclamé en solitaire, à l'image des lettres que l'on reçoit. Du 6 juin 1944 – jour du débarquement des Alliés – jusqu'au décès de Camus, en 1960, les deux grands artistes vivront intensément leur vie personnelle de création - se réalisant artistiquement chacun de leur côté - tout en tentant de conjuguer cette vie occupée avec leur grand Amour. C'est à travers les quelque huit cent soixante-cinq lettres d'amour échangées que pourra vivre - et non pas simplement survivre – cette grande histoire d'Amour mythique...
La mise en scène de Maxime Carbonneau est à l'image du texte, écrit par Dany Boudreault : inventive et géniale! Telle un duo de danseurs bien assortis, la mise en scène épouse de près le contenu du texte : éclatante, surprenante, fracassante et inattendue! Ici, on n'est pas restés dans la sagesse, la prudence et l'économie de moyens, qui sont souvent l'apanage du politically correct de notre époque... Retrouvons ici la folie, la grandeur et la démesure des années d'après-guerre! ... De ces années où l'urgence de vivre primait sur l'économie des sentiments... Les grands moments de l'amour des deux artistes passionnés trouvent leur écho dans les choix du metteur en scène. Dans la chaleur torride de la Passion, l'orage éclate et fracasse! Devait-elle aussi fracasser jusqu'aux lumières de la salle du TNM? Ça, c'est une autre question à laquelle seuls ceux qui sont dans le secret des Dieux de cette production peuvent répondre... Pour les spectateurs, les deux événements-charnière de la mise en scène resteront longtemps gravés dans leur mémoire...
Le récit de ces quelque quinze années d'Amour fulgurant est raconté par une mise en abîme. C'est la vieille Maria Césarès qui, à la fin de sa vie et après la mort de Camus, nous raconte leur histoire commune. Ainsi, on la retrouve au présent assise dans son bureau, âgée, alors que la jeune Maria est représentée en une image vidéo fixe, au centre de la scène. Et ainsi, l'histoire alterne entre le présent et le passé.
Les deux acteurs sont tout simplement époustouflants! Anne Dorval est d'une intensité et d'une présence vibrante telles qu'on se demande comment elle fera pour tenir jusqu'à la fin des représentations! C'est un tel don de soi-même que représente cet exploit! Steve Gagnon est lui aussi très intense dans son jeu. Les deux forment la paire parfaite pour illustrer ce feu qui se consume sous nos yeux!
Crédit photos : Yves Renaud
A voir sans faute au TNM, jusqu'au 11 février.