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Qui a dit qu'un jour, de riches collectionneurs et philanthropes du monde entier s'arracheraient les plus belles pièces de joaillerie de Peter Carl Fabergé et ce, à travers le monde entier?
Le Musée des Beaux-Arts, en collaboration exclusive avec le Virginia Museum of Fine Arts, offrira aux amateurs de la famille impériale russe et d'objets d'arts précieux, une expérience hors du commun lors de l'exposition Fabuleux Fabergé qui débutera le 14 juin prochain, au Pavillon Michal et Renata Hornstein. Cette exposition représente la plus prestigieuse collection Fabergé à l'extérieur des frontières russes. C'est grâce à une vaste collection ayant appartenu à Mme Liliane Thomas Pratt (1876-1947), qui était une passionnée des Tsars et de Fabergé, que cet événement a pu être rendu possible. Épouse d'un dirigeant de la General Motors, elle a su rassembler divers objets de valeurs inestimables (poignées d'ombrelles, portes cigarettes, fleurs, animaux, cadres avec les portraits des membres de la famille impériale, oeufs donnés en cadeaux par Nicolas II) datant de l'époque des Romanov. Sa collection a été gracieusement remise au musée VMFA lors de son inauguration en 1936. C'est aussi pour rendre hommage à une grande dame récemment disparue et qui rêvait de constituer en une grande exposition, différents objets de types contemporains du XXe siècle, de l'entre-deux-guerres, sous un même toit. Mme Liliane Stewart était d'une classe à part, où son goût pour la sophistication fusionnée à l'art moderne se devaient de prendre une place prépondérante sur le plan art-déco. Hubert Le Gall a su créer un parcours scénographique à la hauteur du génie que représentait Fabergé et la vision contemporaine de Mme Stewart. La mise en scène de chaque objet couvre les débuts de l'histoire de la famille impériale jusqu'à la chute des Romanov en 1917 et le tout est ici brillamment exposé dans chacune des salles du musée. Les visiteurs pourront y retrouver plus de 240 pièces Fabergé, Fauxbergé et Cartier, en plus d'avoir la chance inouïe de contempler de près, 5 des 43 œufs impériaux (sur 50 au total) conservés par Madame Thomas Pratt. Une projection d'un documentaire sur la famille impériale russe et son tragique destin est aussi offerte à l'entrée de l'exposition.
L'objet signature de Fabergé: les œufs impériaux
Les pièces de Fabergé qui ont suscité le plus de fascinations et de curiosité est certes celles des œufs impériaux. Au total, 50 œufs impériaux avaient été commandés et seulement 43 furent retrouvés au cours des dernières décennies. Chaque œuf était confectionné, chaque année, à la demande du Tsar Alexandre III et Nicolas II. Ils étaient offerts à leurs mères ou à leurs épouses lors de la fête de Pâques, soit le vendredi Saint. Les œufs impériaux représentaient tous un souvenir émotionnel ou sentimental. À l'intérieur, on l'y retrouvait soit une montre (œuf impérial à la montre – 1887), un portrait peint (recto-verso) sur un petit morceau d'ivoire, comme celui du jeune Alexis, figurant le jeune héritier au trône sur un petit support de diamants (œuf de Pâques impérial dit du Tsarévitch – 1912) ou encore plusieurs petits portraits en éventail qui se dépliaient avec des représentations de palais impériaux (œuf impérial aux palais Danois – 1890).
Non seulement Peter Carl Fabergé préconisait la perfection dans la conception de chacune de ses pièces en atelier, il fut également un homme d'affaires hors pair en s'assurant que chacune d'elle soit contrôlée, de sorte qu'elles étaient à la fois uniques et originales. Le directeur de la conservation de la société Fabergé à Londres, Géza Von Habsburg, avait même fait mention que presque toutes les pièces de Fabergé sont marquées d'un numéro d'inventaire secret. Lorsqu'il y avait des invendues, au lieu de les vendre à rabais, elles étaient plutôt détruites, afin d'en réutiliser les pierres précieuses, métaux et pièces émaillées dans la conception des nouvelles pièces ou lors des commandes spéciales. Même si les bijoux et objets du célèbre orfèvre étaient d'une beauté complexe et minutieuse, certains faussaires ont tout de même tenté de reproduire presque fidèlement ces joyaux. Ces "fauxbergé" comme Monsieur Von Habsburg aime les appeler, sont facilement reconnaissables par la plupart des spécialistes, car chaque petit détail d'exécution et le style de Fabergé peuvent être ainsi validé du vrai et du faux.
Qui était Fabergé?
Carl Fabergé était le fils d'un bijoutier, dont il a acquit sa passion pour l'orfèvrerie et fondateur Gustave Fabergé (1814-1893). Bien que la famille fût de descendance française huguenote (nom qui était donné aux français protestants du 16e et 17e siècle) et risquât de subir de la persécution au nom du catholicisme sous le règne du roi Louis XIV, la famille a tout d'abord fuit en Allemagne pour finalement s'établir pour de bon en Russie, à Saint-Pétersbourg, là où Peter Carl Fabergé a vu le jour, le 30 mai 1846.
Fabergé: nombreuses reconnaissances et commandes de la famille impériale de Russie
Suite à sa formation à Dresde et son voyage à travers l'Europe autour de 1860, il complète sa formation à Francfort sous la supervision de l'orfèvre Joseph Friedman. Ainsi, il l'accompagnera en France et à Florence. Il rentre ensuite à Saint-Pétersbourg pour prendre les règnes de l'entreprise familiale en 1869. La maison Fabergé a reçu dès 1883, la reconnaissance tant attendue, en récoltant la médaille d'or de l'Exposition Industrielle de Moscou, le titre de fournisseur officiel pour la cour ainsi que sa première commande, par la famille Romanov, d'un 1er œuf impériale. L'entreprise récolta plusieurs honneurs dans différentes expositions et devenu également le fournisseur officiel des cours royales de Suède et Norvège en 1897. L'engouement était tel pour les précieux joyaux de Fabergé, que des filiales à Moscou (1887), Odessa (1901), Londres (1903) et à Kiev (1906) ont vu le jour. Malheureusement, l'ascension de la maison fut compromise par la guerre de 1914 de l'occupation de l'Autriche par la Serbie. Fabergé s'est vu contraint de faire des munitions pour l'armée durant cette période. Un second événement est venu interrompre complètement sa production en 1917, car c'est le début de la Révolution Bolchévique. La famille Impériale fut arrêtée et exécutée l'année suivante. Malgré les efforts du célèbre Orfèvre pour protéger l'entreprise en l'enregistrant en société par actions, c'est à contrecœur que le joaillier dû remettre les clefs de son atelier, entre les mains du Musée l'Ermitage en 1918. Il s'est enfuit vers la Suisse où il a vécu les derniers moments de sa vie, avant de s'éteindre tristement le 24 septembre 1920. Les Bolchéviques ont confisqué tous les objets et plusieurs œuvres furent détruites, et même fondue pour en faire de l'argenterie ou encore des roubles.
L'avenir de la Maison Fabergé
Encore aujourd'hui, Fabergé est toujours un symbole de noblesse et de prestige pour les gens de la haute société, les investisseurs et les maisons royales européennes. La famille s'est battue durant la dernière décennie, afin de rouvrir l'institution sous son nom d'origine. En 1951, suite à un ordre de la cour, ils se sont fait interdire le droit de produire et de commercialiser sous Maison Fabergé. Par contre, la persistance de la famille a été grandement récompensée, car au cours du 20e siècle, ils ont pu faire renaître l'entreprise sous une nouvelle direction, avec un nouveau propriétaire. C'est officiellement le 9 septembre 2009, qu'ils ont relancé la marque. C'est grâce aux efforts de Tatiana et Sophie Fabergé, les petites-petites-petites filles du joaillier, que de nouvelles pièces Fabergé sont fabriquées selon la tradition, le style et le savoir-faire de Peter Carl Fabergé. Elles agissent maintenant à titre de conseillères et expertes pour l'entreprise.
Dates et lieu de l'exposition Fabuleux Fabergé:
Du 14 juin au 5 octobre 2014 au Pavillon Michal et Renata Hornstein
Entrée: Pavillon Jean-Noël Desmarais au 1380, rue Sherbrooke Ouest
Horaire et tarifs: http://faberge.mbam.qc.ca/
Site web du MBAM: https://www.mbam.qc.ca/
Site web du VMFA: http://vmfa.museum/
Site web de Maison Fabergé: https://www.faberge.com
*Références: publication hors série "Fabuleux Fabergé, Joaillier des tsars", collaboration de L'objet D'art, Musée des Beaux-arts de Montréal et Montréal Ville Unesco de Design.
*Crédit photo des objets de la collection Fabergé: Katherine Wetzel © Virginia Museum of Fine Arts et Travis Fullerton © Virginia Museum of Fine Arts (voir description incluse dans la légende photographique de la galerie photo)