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L’Usine C accueille jusqu’au 13 novembre prochain une création d’Adel Hakim, mise en scène par Peter Batakliev et interprétée par Paul Ahmarani : Exécuteur 14. Préparez-vous à entendre le témoignage troublant d’une personne qui a survécu à un génocide…
Exécuteur 14 n’en est pas à ses débuts. Tout commence en France, plus précisément en 1993, date à laquelle l’égyptien Adel Hakim créé ce texte. Témoignage troublant d’un génocide, cette pièce sera reprise en 1999 pour la naissance du Théâtre Décalage à Montréal avec une mise en scène et une interprétation de Peter Batakliev. Ce dernier décide de remettre cette création au gout du jour en demandant à l’acteur Paul Ahmarani d’interpréter le personnage central de cette histoire meurtrière!
Plus rien ne va dans la ville d’Horizon. Les Adamites et les Zélites, auparavant voisins, s’entredéchirent dans un génocide sans mesure. Pourtant, peu d’indices figuraient l’arrivée d’une telle tragédie. Le personnage principal de la pièce, un Adamite, vivait bien heureux dans son quartier en compagnie de ses amis de classe. Ce n’est que lorsque la guerre sonne à sa porte qu’il se rend compte de l’étendue des dégâts. Difficile alors de ne pas perdre l’esprit…
Cette histoire est tout simplement poignante. Adel Hakim dépeint une société qui n’a besoin que d’une étincelle pour tout faire exploser. Combinant symboles et ethnologie, Adel Hakim crée un véritable bijou d’histoire! Le spectateur a l’impression d’écouter le récit d’un survivant des guerres de Yougoslavie (Europe de l’Est) tellement les faits sont proches (les guerres de Yougoslavie ont débuté en 1991, tuant des milliers de civils jusqu’en 2001). L’auteur analyse le génocide et met en valeur l’impact psychologique qu’il peut avoir sur les survivants. On salue même l’esprit visionnaire de l’artiste qui décrit avec réalisme un conflit qui se déroulera l’année suivant l’écriture du texte : le génocide rwandais…
Il est donc difficile d’être insensible à ce one man show. Paul Ahmarani joue parfaitement le rôle d’une personne bouleversée par ce qu’elle a pu voir, entendre ou faire. D’abord l’innocence, suivi par la peine, la souffrance, la vengeance, la croyance… l’acteur interprète avec brio ces changements d’état aussi soudains que surprenants.
Pourtant, malgré la combinaison d’une histoire ficelée avec soin et d’une interprétation remarquable, je n’ai pas vibré... peut-être parce que j'ai eu la chance de rencontrer des survivants du génocide rwandais il y a de cela quelques années. Dans tous les cas, je vous souhaite d'avoir la chaire de poule en compagnie de cet artiste de talent.
Jusqu’au 13 novembre à l’Usine C.
Plus de renseignements sur : http://www.usine-c.com/fr/10-executeur-14.html
Crédit photo : François Gélinas