Entrevue avec Vincent Vallières : lancement de «Fabriquer l'aube»

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De la poésie, de la musique « à la Vallières », du folk, du rock teinté de country et, bien sûr, quelques ballades : c’est ce que propose Vincent Vallières avec son sixième opus Fabriquer l’aube, lancé mardi soir sur la scène du cabaret La Tulipe.

« Y’a des chansons d’amour, des chansons qui parlent de la réalité des travailleurs québécois; entre autres, une chanson qui s’intitule Asbestos qui parle du conflit de travail qui a eu lieu à Asbestos en 49 et ayant donné naissance à un des premiers mouvements de syndicalisation important au Québec. C’est aussi des réflexions sur le monde qui m’entoure », explique Vincent Vallières, le sourire de gamin aux lèvres, visiblement fébrile, lorsqu’on lui demande de parler de son nouvel album.

« Ce disque a été enregistré au printemps et à l’été 2013 - donc cette année - avec mes amis musiciens, essentiellement à Magog où j’habite, dans des studios à Montréal et un peu sur la route. »

Des touches de poésie à la Gaston Miron, il en a fallu à Vincent Vallières pour Fabriquer l’aube.

« Avec toi est une chanson dont le texte est très inspiré de ma rencontre avec les Douzes hommes rapaillés et avec la poésie de Gaston Miron, dit-il. Je dis cela avec toute humilité, dans le sens où Gaston Miron, c’est un maître et je m’en suis inspiré humblement pour essayer d’écrire cette chanson-là. »

« Tous les garçons qui ont participé à l’expérience des Douze hommes rapaillés ont vécu une expérience très riche humainement : le fait de se côtoyer, de faire les disques et de partir ensuite sur la route ensemble. Et puis, la rencontre en profondeur avec la poésie de Gaston Miron, le fait d’entendre les textes récités ou chantés tous les soirs, tout ça m’a permis de percevoir ces textes de façon fort différente que lors de ma première lecture, à l’âge de 17 ans. »

Après avoir écrit LA chanson de l’année (On va s’aimer encore), c’est pourtant sans réelle pression ni appréhension que l’auteur-compositeur-interprète a donné vie à son nouveau bébé.

« Je sens toujours une certaine pression quand je fais un disque, je pense que c’est normal. Honnêtement, je n’en ressens pas plus pour ce projet-là que pour les projets précédents. J’ai réussi à ne pas trop y penser pendant la création du disque. Ce qui est survenu, le succès, c’est un moment dans mon cheminement et je suis vraiment chanceux que ce soit arrivé. Un succès de masse comme ça, c’est vraiment quelque chose d’exceptionnel et j’aimerais beaucoup ça que ça continue. Par contre, moi, tout ce que je peux contrôler, c’est l’écriture de mes chansons, ce que je dis quand j’écris, la façon dont je le dis et c’est ce que je me suis appliqué à faire. Le reste… je vais le prendre en bons d’achat ! », ajoute-t-il en riant.

« Je ne me suis pas obligé à écrire quoi que soit et je n’ai sincèrement pas essayé de réécrire « On va s’aimer encore » d’une autre façon. Je pense que c’est impossible - pas dans le sens où c’est une chanson trop formidable - mais plus au sens où, au départ On va s’aimer encore, c’est une chanson qui m’a trouvé. Il y a ce rapport-là, des fois, qui existe avec l’écriture. Ce privilège-là, quand une chanson nous tombe dessus, on essaie juste d’être en état pour la capter. Alors, j’ai essayé d’y aller avec les mêmes méthodes pour « Fabriquer l’aube », en espérant que les gens puissent se retrouver dans ce nouveau répertoire-là. »

D’ailleurs, si Fabriquer l’aube reste du bon vieux Vallières, le principal intéressé s’est tout de même permis d’aborder des thèmes qu’il n’avait jamais effleurés jusqu’ici.

« Fermont, Asbestos, Je bûche, En regardant finir le monde ou La chanson de la dernière chance, ce sont des chansons que je n’avais encore jamais écrites, je pense. Des sujets que je n’avais pas touchés. C’est un peu ce qui m’a ouvert la porte et qui m’a confirmé que c’était possible de me lancer dans ce nouveau projet sans me répéter. »

« Les gens qui me connaissent, quand ils vont écouter cet album, ne seront pas complètement déstabilisés. Ce n’était pas le but de ce disque-là. Pour moi, c’est un disque d’approfondissement. Ce qu’il y a de très différent, c’est le fait que ce disque est beaucoup plus joué. En studio, on était souvent six musiciens, on jouait tous ensemble, je chantais en même temps, je jouais de l’harmonica. »

Sans être un album « engagé », il semble que le titre de l’album Fabriquer l’aube soit « évocateur et révélateur ». « L’aube c’est le début d’une nouvelle journée, donc cela représente un monde de possible. Oui, ça peut être un clin d’œil à ce qui est arrivé avec la grève étudiante. Tous les Québécois qui étaient au Québec au moment de la sortie des étudiants, ça nous a marqués et ça a polarisé le discours de l’un et de l’autre, un peu à l’image de ce qui se passe présentement avec la laïcité. Alors, c’est sur que ça a teinté nos réflexions pour la suite. »

Le nouvel album de Vincent Vallières, Fabriquer l’aube, est en vente dès maintenant.