Entrevue avec Luc Langevin - Son spectacle numérique «Interconnectés» a déjà conquis le public... et lui même

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Luc Langevin

Entre le 15 janvier et le 28 février 2021, Luc Langevin dévoile Interconnectés, un nouveau spectacle numérique qui se déroule directement sur vos écrans, dans votre salon. L’illusionniste défie les lois de la physique et va au-delà des frontières du réel en s’infiltrant dans notre esprit afin de nous éblouir et de faire parvenir la magie jusque dans notre maison.

Avec la pandémie, les artistes sont poussés à se réinventer, à penser autrement et c’est exactement ce qu’a fait Luc Langevin. Il nous en parle un peu plus dans cette entrevue dans laquelle il nous dévoile le processus créatif derrière Interconnectés ainsi que sa vision vis-à-vis la magie et le spectacle numérique.

Pour vous procurer des billets, rendez-vous au lien suivant : https://luclangevin.com/interconnect%C3%A9s.

Entrevue avec Luc Langevin

Depuis quand travailles-tu sur le spectacle Interconnectés?

Il faut savoir que ça fait plus d’un an et demi que je cogitais sur l’idée de faire un spectacle plus intime devant un nombre restreint de personnes. À l’époque, l’idée était pas de le faire en virtuel. C’était vraiment de faire un vrai show, mais que ce soit un nombre restreint de personnes avec qui je pouvais avoir une interaction plus personnelle. Puis, à l’époque, rapidement, je m’étais rendu compte qu’au niveau des coûts de production, c’était pas viable. Donc l’idée dormait un peu dans mes cahiers de notes.

Au début de la pandémie – en fait au mois de mai – quand j’ai compris que ça allait durer plus que deux semaines cette chose-là, je me suis demandé comment je pourrais continuer à émerveiller les gens pis là, l’idée d’un spectacle virtuel est arrivée. Pour moi, de faire juste un spectacle virtuel qui est une captation de ce que je fais déjà sur scène comme beaucoup d’artistes font, pour moi, ça faisait pas de sens parce que je voulais pas que ce soit quelque chose qui soit moins bon que sur scène. Je voulais pas que ce soit quelque chose en attendant de revenir sur scène. Je me disais « Il doit y avoir un moyen de faire quelque chose de différent qui est autre chose, qui est une autre expérience différente pis qui peut être tout aussi intéressant ». Et c’est là que j’ai ressorti l’idée d’avoir un show plus intime, mais de le faire en virtuel, en ligne.

Soudainement, ça réglait beaucoup les problèmes de production qu’on avait auparavant. On avait un modèle qui pouvait être rentable donc ça, c’était au mois de mai dernier. Alors j’ai passé tout l’été – mai, juin, juillet, août – à créer le spectacle au niveau artistique donc trouver les tours, dans quel ordre, la trame narrative, faire les prototypes, voir qu’est-ce qui peut fonctionner pis depuis septembre, on s’affairait à créer toute la technique, la technologie derrière pour rendre ça possible. Donc, pour faire une réponse courte, finalement, depuis le mois de mai que je travaille là-dessus plus concrètement.

Comment s’est déroulée la création du spectacle numérique?

Ça a été un travail très solitaire. Habituellement, je travaille en équipe. Je collabore avec d’autres magiciens pis d’autres artistes pour monter chacun des numéros, mais là, comme c’est un spectacle qui est en ligne, j’entrevoyais que la rentabilité du spectacle serait difficile. Donc, je voulais limiter le nombre de collaborateurs pour pas avoir à les payer parce qu’évidemment, c’est des coûts et surtout, c’est un défi au niveau des coûts d’opération. Ce que ça nous coûte à chaque spectacle pour le faire, donc le cachet des techniciens par exemple. Il fallait trouver le moyen de le faire sans de droits de suite parce que là, on n’arrivait pas à trouver une façon d’être rentable. Je pouvais difficilement engager d’autres personnes pour m’aider dans la création des tours parce qu’habituellement, c’est des gens qui vont demander des droits de suite. Ça a été très solitaire. Je devais développer les tours tout seul, même fabriquer les prototypes tout seul parce qu’à l’époque, on voyait pas comment on pouvait avoir les moyens de le faire autrement. Ça a été un été très… Je dirais que j’ai passé beaucoup de temps à écrire dans mon bureau, à écrire les textes des tours, à bricoler, à faire des allers-retours à la quincaillerie pis à bidouiller des affaires chez nous. En fait, ça ressemble au processus créatif que j’ai habituellement sauf que je le faisais tout seul au lieu d’en équipe. C’est un peu triste dit comme ça, mais ça m’a quand même permis de revenir un peu les deux pieds sur terre. C’était comme ça au début de ma carrière; je faisais tout tout seul pis plus les choses ont commencé à bien aller pour moi, plus je me suis mis à déléguer pis à m’entourer d’une équipe. C’était un peu un retour aux sources pour moi l’été que j’ai passé.

J’imagine que tu as fait des tests et des pratiques avec tes proches et amis. Comment ce sont-ils déroulés?

Oui. Ce qu’on s’est rendu compte au début, la magie fonctionnait – ça n’a jamais été un problème. Les tours généraient le même émerveillement que ce que je pouvais générer en live. C’était rassurant, mais les gros problèmes en fait, c’était la technologie derrière. Ça a été difficile au début de régler tous les problèmes de sons. Qu’est-ce qu’on fait avec quelqu’un qui a une connexion lente? Parce que moi, je suis en interaction avec les gens donc quand quelqu’un a un internet lent ou que quelqu’un se déconnecte et que je suis rendu à interagir avec cette personne-là… C’est ça qui nous a donné le plus de fil à retordre. De régler toute la technique, tout le numérique derrière pour que le spectacle coule bien. Ça, ça a été long, ça a été plusieurs mois. Maintenant, on a une dizaine de représentations de faites à notre actif et jusqu’à maintenant, tout se passe super bien donc forcé de constater que ces mois à déboguer la technique ont donné quelque chose.

Est-ce que tu penses présenter Interconnectés pour un public à l’international ou tu l’adapterais plus en spectacle sur scène?

J’ai deux volets pour répondre. Le premier c’est : oui. Déjà, je donne des représentations plus internationales d’interconnectées. À chaque journée où je donne une représentation publique, souvent, l’après-midi autour de 14h30, je fais une représentation pour l’Europe parce que pour eux, à ce moment-là, il est 20h30. Souvent, le soir, 20h, heure de Montréal, je donne la représentation pour les Québécois. C’est la routine qu’on a en ce moment. On regarde pour le faire en anglais aussi. Je suis en réflexion à savoir si on commence des représentations pour le milieu anglophone en janvier ou février, quelque chose comme ça. C’est drôle : habituellement, moi, de prendre un spectacle sur scène et de vouloir l’exporter en anglais, ça demande énormément d’adaptation tandis que là, pour le numérique, on est à une traduction de texte que ce soit fait. J’aime l’idée, je suis encore en réflexion, mais c’est fort possible qu’on essaie de se trouver l’équivalent d’un diffuseur numérique là-bas, aux États-Unis, pour essayer de partir celle-là.

Le deuxième volet, tu me demandais si Interconnectés pourrait devenir un vrai spectacle devant de vraies personnes. Honnêtement, je pense pas parce que j’ai vraiment conçu le spectacle pour être vécu sur un écran. Je pourrais le faire, mais je pense que ce serait pas optimal. En fait, c’est la première fois que je fais un spectacle qui est aussi interactif c’est-à-dire que tous les numéros se font vraiment en interaction avec plusieurs personnes en même temps. Il y a un numéro où j’interpelle six foyers en même temps pour faire le tour. De le faire devant un public live, ça ferait qu’à chaque numéro, faudrait que je sélectionne beaucoup de gens dans la salle, attende que ce monde-là monte sur scène, les accueillir… Ça casserait un peu le rythme. Je pourrais créer un spectacle live plus intime qui était mon idée de base pour essayer de retrouver un peu cet esprit-là, mais là encore, je me retrouverais avec les problèmes de production. Quand tu as moins de spectateurs pour que ce soit intime, il faut que tu charges plus cher le billet pour être rentable. Avec les exercices qu’on faisait, ça montait à 500$ le billet donc ça n’avait pas d’allure. Tout ça pour dire que je pense qu’Interconnectés va rester en ligne, mais ceci dit, quand on va pouvoir refaire des shows en salle, j’ai pleins d’autres idées pour des spectacles sur scène qui dorment encore dans mes cahiers de notes et qui vont probablement prendre vie dans les prochaines années, je l’espère du moins.

Comment te sens-tu vis-à-vis cette nouvelle formule de spectacle? Est-ce que le spectacle numérique te rapproche du public, t’éloigne ou est sensiblement similaire au spectacle sur scène?

Honnêtement, je pense que ça me rapproche du public. Je m’attendais pas à ça, mais faut dire que quand je fais un spectacle sur scène, tu as un contact avec le public, mais tu as un contact avec lui en tant que foule. Tu t’adresses à lui, tu t’adresses à une foule donc c’est une entité faite de plusieurs personnes, mais t’appelle pas nécessairement tout le monde par son prénom quand tu t’adresses à lui. Sur scène avec les éclairages, je vois même pas le public. Pour moi, le public est une immense masse noire de gens qui rient et qui applaudissent, mais je vois juste les premiers visages. Je vois pas tout le monde. Je vois une grosse masse noire avec les panneaux de sortie dans le fond de la salle.

Au moins avec le spectacle numérique, je vois les visages. Je parle aux gens, je les nomme par leur prénom pis quand le punch de leur numéro arrive je vois leur réaction. Non seulement je vois leur réaction, mais je vois leur famille, leurs proches autour qui réagissent aussi. Je les vois dans leur salon, dans leur intimité, vivre la magie. Il y a quelque chose de beaucoup plus intime, de beaucoup plus proche comme expérience que ce que je fais sur scène. C’est exactement ce que je voulais. C’est une expérience qui est différente. On peut pas vraiment la comparer au spectacle sur scène. C’est pas comparable. Tu vis quelque chose de différent. Moi, j’aime vraiment cette formule-là – le fait de faire ces spectacles en ligne. S’il y avait encore un intérêt passé la pandémie, si les gens continuaient d’acheter des billets pour ce spectacle-là, je serais très ouvert à alterner autant les spectacles en salle que les spectacles virtuels. De faire les deux en parallèle pis même de créer un nouveau spectacle virtuel si la demande est encore là pis de l’offrir à tous ceux qui veulent vivre cette expérience-là.

C’est pas tout le monde qui a nécessairement les moyens de s’acheter un billet de spectacle ou qui ont un théâtre à proximité en région. Il y a des gens pour qui le théâtre est loin. Pour Interconnectés, les billets réguliers se vendent à 25$ la connexion donc tu peux être une famille de cinq pis payer 25$ pour que toute la famille puisse vivre le spectacle. C’est très accessible. S’il y a une demande pour ça, de pouvoir offrir ma magie à des gens qui normalement ne pourraient pas la consommer, je trouve ça génial pis moi, je suis heureux là-dedans.

Quel impact la pandémie a-t-elle sur toi?

C’est sûr que ça m’a forcé à me réinventer pour utiliser un mot comme on entend beaucoup, mais dans mon cas, c’est vraiment vrai. Ça m’a poussé à penser outside the box pis à trouver une façon de continuer de faire ce que j’aime. Forcé de constater que ça a été du bon pour moi parce que le spectacle fonctionne très bien. On vend des tonnes de billets pis les retours qu’on a sont super bons. Donc effectivement, j’ai réussi à tourner ça en positif au niveau de ma carrière.

Comment t’es-tu débrouillé entre l’arrivée de ton enfant et ta carrière d’illusionniste?

Au début, ça a été difficile. Victor a trois ans maintenant. Il est né alors que j’étais en pleine préproduction de mon deuxième spectacle sur scène. Il est vraiment né en plein dedans. En plein dans la période où il faisait pas ses nuits et cette période-là a été longue. Ça a pris un an avant qu’il fasse ses nuits. Dans la période où je dormais pas beaucoup et il fallait en même temps que je prenne des grosses décisions de production sur le spectacle. Ça a été très difficile.

Une fois que c’est parti par contre, c’était vraiment le fun. Je suis parti en tournée en Europe en 2019 deux mois de temps avec ma femme pis mon fils en tour bus. Ça c’était quand même le fun surtout que, comme on faisait la route de nuit entre les villes, on dormait en tour bus pis comme tous les enfants, Victor dormait très bien dans un véhicule en mouvement. Le ronronnement de l’autobus le gardait au lit. Récemment on regardait des photos souvenirs de cette tournée-là. C’est des beaux souvenirs pour nous, pis j’allais dire pour lui, mais en même temps il avait que deux ans donc je sais pas s’il va s’en rappeler. Tout ça pour dire que ça a été difficile au début, mais après, ça crée des beaux souvenirs pis des beaux moments en famille.

Quels projets réserves-tu pour l’avenir?

Oui, oui. J’ai toujours un paquet de projets sur ma… j’allais dire sur ma bucket list, mais c’est pas une bucket list parce que souvent je donne vie aux projets et ça devient très concret. Déjà avant la pandémie, j’avais une liste de choses que je voulais faire. Tout ça, dès qu’on peut se rassembler à nouveau, je me remets à ça, mais la pandémie comme je disais m’a vraiment forcé à penser autrement. Le spectacle Interconnectés était un des projets auxquels j’ai donné vie parce que c’est lui que je trouvais qui avait le plus de potentiel, mais j’ai eu d’autres idées aussi pour faire entrer la magie chez les gens notamment quelque chose avec les nouvelles technologies, avec la réalité virtuelle, la réalité augmentée. Je sais pas si ces idées-là vont se concrétiser, mais elles dorment pour l’instant dans mes cahiers de notes et j’attends juste d’avoir un peu de temps pour leur donner vie. Pour faire une réponse courte, je suis pas prêt de m’arrêter de faire de la magie. J’ai trop d’idées pis trop de choses à essayer pour prendre ma retraite maintenant.

Pour en savoir plus sur Luc Langevin, cliquez ici : https://luclangevin.com/accueil.
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Crédit photo : @photographic_paf.

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Bande-annonce du spectacle :