Image

David Goudreault présente Le nouveau matériel, son dernier album sur lequel il travaillait depuis un certain temps. L’auteur et poète s’est «réinventé» encore une fois pour nous traverser l’âme de ses mots qui transcendent le temps et l’espace pour nous transmettre des messages parfois doux, parfois écrasants.
À travers ses textes engagés et des styles musicaux poussés, David Goudreault nous livre une œuvre, un nouveau matériel des plus enivrants et des plus frappants et, pour l’occasion, il nous partage ses impressions sur le sujet, sur son parcours créatif et artistique, sur la création.
Pourquoi as-tu choisi le titre Le nouveau matériel pour votre 4e album?
Le nouveau matériel, il y a deux sens à ça. Le premier, c’est qu’on me demandait souvent : « Quand est-ce qu’arrive ton nouveau matériel, on veut ton nouveau matériel. » Donc le voilà; c’est ça Le nouveau matériel. Il y avait une espèce de clin d’œil pis en même temps, c’est la pièce-titre de l’album avec Ariane Moffat où dans le fond, on se questionne sur le fait de devenir les propres objets de notre désir, d’être en représentation à travers les réseaux sociaux et même les médias en général. Puis, dans les besoins que l’on se crée à travers les représentations de soi pis ce désir de place là.
Qu’est-ce qui t’a inspiré pour le choix de sujets et des thèmes de tes chansons?
Moi, je suis toujours autour de l’humain finalement. Ce qui m’intéresse c’est les relations humaines, les difficultés à être en relation puis à surmonter toutes les interférences qu’il peut y avoir entre deux humains qui tentent de communiquer de leur mieux. Qu’est-ce qui vient interférer là-dedans? Il peut y avoir des problèmes de santé mentale, de la consommation. Il peut y avoir de la démence donc ces des thèmes que j’aborde de front, puis en même temps, il y a aussi toute la question de l’introspection, donc de la relation à l’autre et aussi la relation à soi-même. C’est vraiment une démarche très humaniste dans le sens premier du terme, puis en même temps, le travailleur social que je suis n’est pas tellement loin. Ce n’est pas des vignettes cliniques, mais l’intérêt pour l’être humain est ancré en moi pis on le ressent sur l’album.
Depuis combien de temps travaillais-tu sur tes textes?
L’album a été assez étiré dans le temps pis je pense que c’est une bonne chose. Jusqu’à maintenant les critiques sont super bonnes. Je pense que c’est en partie parce que c’est un album qui a mariné, qui a mijoté longtemps. Avec Manu Militari qui co-réalise l’album, on a commencé à en parler autour de 2016. Moi j’avais déjà des textes que je savais que je voulais mettre en musique. En même temps, il y avait aussi la demande parce qu’il y a beaucoup de personnes qui me demandaient des textes que j’avais faits à la radio, en spectacle notamment Avril, puis J’en appelle à la poésie. Il y a des textes que je savais déjà qu’ils allaient se retrouver sur l’album, puis j’avais des idées aussi que je voulais essayer de pousser le plus loin possible en chanson. Surtout, ce qu’on voulait, c’était un équilibre en fait entre la chanson, le rap et le spoken word. Ça a été beaucoup de travail pour arriver à avoir un vrai album musical qui est accoté sur les textes, mais qui s’écoute en chant, qu’on a envie d’écouter les pièces. Donc, c’est déjà un bon quatre ans dans le temps – c’est sûr que dans la dernière année, ça a été davantage à temps plein, mais ça a été vraiment des bulles, des chansons qui ont apparu, qu’on a laissé mijoter, on a retravaillé le texte. Parfois même, on a changé de compositeur et trouvé une autre façon de l’approcher musicalement. Ça a donné finalement cet album-là qui se tient vraiment. Moi, j’ai une fierté par rapport à l’album, c’est que c’est très éclaté, puis en même temps, il y a une vraie ligne directrice qui traverse l’album.
Comment écrivais-tu les paroles d’une chanson? Comment fonctionne ton processus créatif?
Pour moi, tous les processus sont bons. Je dirais que chaque chanson a un peu son histoire. D’ailleurs, il y a des chansons dont le texte existait. On est allés chercher de la musique pour s’y coller. D’autres, c’est des compositeurs qui m’ont proposé des musiques et ça m’a inspiré des textes. Parfois, il y a des chansons que c’est des exercices de style. Par exemple, Mémoires, il y a un couplet – je parle de la perte de mémoire – donc à chaque couplet j’enlève des mots ce qui change le sens, mais sans jamais en ajouter. C’est des défis comme ça de création et parfois aussi, il y a des textes qui m’accompagnent depuis des années pis qui se bonifient, puis à un moment, tu réalises que c’est sa forme fixe comme J’en appelle à la poésie qui a fait beaucoup réagir. Je pense qu’il faut faire les choses dans le temps pour que ça puisse traverser le temps aussi. Moi mon intention c’était de faire un album intemporel, pas dans le sens prétentieux de je veux qu’il traverse les époques, mais plus dans le sens où j’avais pas envie d’être dans la ferveur du moment, dans la façon de déclamer à des trucs plus contemporains. Moi je pense qu’il y a quelque chose de très assis, très affirmé, qui peut rejoindre un public assez large justement parce que l’intention c’est d’abord le texte, d’abord de transmettre l’idée, une émotion. Jusqu’à maintenant, ça semble bien fonctionner.
Pourquoi aimes-tu autant le son rap, la poésie et le spoken word?
En fait, pour moi, toutes les façons d’utiliser la parole pis même, j’ai envie de dire la littérature parce qu’une chanson, ça demeure un projet littéraire. C’est un poème qu’on va mettre en musique. C’est quand même une démarche d’écriture d’abord. Moi, je trouve ça intéressant sous toutes ses formes. J’ai publié des recueils de poésie, des romans, mais je veux faire du livre jeunesse, éventuellement de la BD. J’ai envie vraiment de toucher à tout. Je ne suis pas dans une démarche carriériste dans le sens où je vais me concentrer où ça paye. Je suis vraiment dans une démarche d’exploration et j’ai envie d’explorer pis le travail en studio m’a permis ça. Je suis pas un chanteur, je fredonne dans une chanson ou deux. Je suis pas un chanteur, mais j’avais envie de travailler avec des vraies grandes voix pis j’avais envie d’avoir des vraies chansons, des vrais gros beats. Me permettre d’avoir des passages justement où j’explore différentes façons de déclamer le texte, mais pour moi, c’est toujours comment faire vivre le texte à son meilleur. Quel est le meilleur véhicule pour faire entendre les bouts de slam.
C’est vraiment intéressant d’entendre tes textes qui sont très engagés et dénonciateurs avec la musique qui vient l’appuyer, la glorifier en quelques sortes. Comment te viennent ces idées d’arrangement?
On a travaillé beaucoup à l’instinct. Je dirais qu’il y a beaucoup d’amitié dans cet album-là et ça paraît. C’est des gens pour qui j’ai écrit des textes ou avec qui j’ai collaboré d’une façon ou d’une autre. Parfois c’est des personnes qui m’inspirent par leur manière de faire leur art aussi. C’était vraiment des rencontres d’abord. Y’a personne qui est arrivé, qui est tombé du ciel ou d’une espèce de volonté d’avoir quelque chose de très technique. On sait jamais dit : « Ce serait qui qui pourrait avoir ce ton de voix là ou qui pourrait nous emmener à tel genre de rythmique ou tout ça ». Ça a été plus organique que ça. On était dans « Avec qui on a envie de travailler, qui dans le réseau proche peut collaborer à l’album et apporter quelque chose de personnel, de senti ». Parce que c’est d’abord des émotions qu’on veut se transmettre par l’art et il y a des idées aussi au travers. Faut que ça connecte. En studio, c’est super important parce que si t’es pas en confiance avec qui tu travailles, on va l’entendre dans ta voix, on va l’entendre dans ta performance musicale. Donc, pour moi, c’était d’abord des humains en fait. Carrément. C’était d’abord avec qui j’ai envie de travailler comme humain, puis des personnes qui gravitaient plus ou moins près de ma sphère qu’on a invitées, puis finalement ça a été des belles rencontres et des belles surprises.
À quoi ressemble ton parcours? Comment t’a-t-il mené vers la création littéraire?
J’ai envie de dire par simple infusion en fait. Moi je crois beaucoup qu’on est influencé par ce qui nous entoure et les gens comme des objets. Moi, il y avait beaucoup de livres chez moi, on m’envoyait à la bibliothèque, on m’encourageait à lire puis rapidement, j’ai découvert cette magie-là qui opérait sur moi donc à force de lire, je me rendais compte qu’on pouvait créer des univers avec les mots. Il y a de la magie, il y a quelque chose de sacré. Avec ces symboles, on peut transmettre, faire réagir les gens, créer des liens. Il y a quelque chose de puissant et j’ai eu envie de moi-même utiliser cette magie-là. C’est un peu ça l’idée d’écrire en fait. D’avoir quelque chose qui nous habite, qui nous a été transmis par la force de l’écriture, puis finalement, avoir envie d’écrire à son tour. J’ai appris plein de formes à travers le temps : la poésie, le rap quand j’étais plus jeune, après il y a eu des concours de slam, j’écrivais des nouvelles littéraires aussi et là, il y a eu le gros projet de roman il y a quelques années. Ça s’est enchaîné et j’ai décidé de faire de l’art à temps plein et j’ai quitté mon emploi de travailleur social pour me concentrer vraiment à l’écriture. Je ne vais pas me gêner pour aller explorer toutes les façons d’écrire possibles parce que c’est non seulement devenu ma vocation, mais c’est encore ma principale source de plaisir avec mes enfants. Je dirais que c’est pas mal mes valeurs sûres. Jouer avec les enfants, écrire pis lire des livres ou des textes de chansons. C’est ce qui me fait le plus m’épanouir.
Quels sont tes projets pour l’avenir?
Absolument, absolument. De toute façon, je pense que pour les artistes, il faut toujours avoir un projet devant soi. Non seulement on est moins vulnérable aux critiques ou quand qu’il y a un projet qui fonctionne moins bien parce qu’on est déjà sur autre chose et en plus, les projets se nourrissent entre eux. Parfois, t’as des idées pour ton projet en cours et finalement « Ah, je ne garderai pas cette idée-là pour l’album ou pour le livre, mais peut-être que je peux pour un autre projet qui s’en vient ». Finalement ça communique, ça stimule donc je pense qu’il faut toujours avoir des projets devant soi et effectivement, je prépare d’autres romans, un livre jeunesse qui devrait paraître au printemps pis j’écris déjà pour d’autres chanteurs, d’autres chanteuses. Par contre, l’album, c’est vraiment la grosse sortie pour moi cette année, puis c’est probablement le dernier album parce que j’ai vraiment tout donné pis je pense que j’ai donné le meilleur de moi-même. Je pense que c’est un gros chantier quand même faire un album pis j’ai l’impression que j’ai fait ce que j’avais à faire sous cette forme-là. Au niveau de l’écriture, il y a d’autres choses que j’exprimerai, mais pour l’album, j’ai l’impression que c’est mon ultime opus.
Pour suivre David Goudreault, cliquez ici : https://www.facebook.com/Goudro.
Pour en savoir plus sur l’artiste, cliquez ici : https://www.davidgoudreault.org/?fbclid=IwAR3_MclO5MRrD7JJ4z5U0ViNatFSS0Es7qSPbps-5sJIBXfFWPW8eSe1uzg.
Pour vous procurer un exemplaire de l’album, cliquez ici : https://www.archambault.ca/disques/nouveau-mat%C3%A9riel-le/goudreault-david/pgp25050/?id=3285401&cat=1884314&fbclid=IwAR0sJgSeIDrqpQatuDopNPZ5XUeXLnvsHKhfAP3f9krP3WfVAG6cxG7ez_Q.
Il est également possible de le télécharger ici : https://open.spotify.com/album/60U02gJTit964yYOaEKjZ7?fbclid=IwAR33lb3n15djrlNrWiMdXSbd5TZGAjDccBAkSm2r49a3Eyy2B7CGopLI55Y.
Abonnez-vous ici à l'infolettre de Patrick White : https://patwhite70.substack.com/