Image

Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) présente du 8 juin au 20 octobre 2013 les œuvres de l’incomparable artiste américain Dale Chihuly. Sur l’invitation de Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du MBAM, l’artiste a réalisé une éblouissante exposition sur mesure, en symbiose avec l’architecture intérieure du Musée, composée de sculptures de verre dévoilant sa puissante vision créatrice. Né en 1941, Chihuly est aujourd’hui mondialement reconnu pour avoir révolutionné le mouvement Studio Glass. Grâce à lui, le verre est passé du monde artisanal à celui des beaux-arts. L’artiste a en effet hissé l’art du verre soufflé au rang de la sculpture monumentale et établi ce matériau délicat comme mode d’expression pour l’art environnemental. Expérience visuelle immersive, surprenante et grandiose, l’exposition organisée par le MBAM en collaboration avec le Chihuly Studio ne manque pas de capter l’œil du public.
« Après avoir organisé l’exposition Louis Comfort Tiffany : La couleur en fusion en 2009 et réinstallé en 2011 sa remarquable collection de design et de verrerie d’art en pleine expansion,
le Musée des beaux-arts de Montréal expose aujourd’hui, et ce pour la première fois au Canada, les installations contemporaines spectaculaires, fascinantes et féériques de Dale Chihuly. Aucun artiste avant lui n’avait autant créé à partir du verre, son matériau de prédilection. Il faut le voirpour le croire », souligne Nathalie Bondil.
Considéré comme le Tiffany de notre époque, Dale Chihuly explore depuis près de cinquante ans le potentiel plastique du verre soufflé. Ses saisissantes installations monumentales défient
l’apparente fragilité du matériau pour nous transporter dans un monde magique. Exploitant le feu, la gravité, le souffle et la force centrifuge, ce maître accompli jongle avec les couleurs, les reflets et les formes organiques tout en imaginant des effets de répétition, d’accumulation, de superposition et l’agencement de divers éléments modulaires et singuliers pour créer un rythme et des effets visuels sans pareils. Cette exposition est une affirmation démontrant comment Chihuly innove, affranchit le verre de son association aux arts décoratifs et le métamorphose en véritable support d’une expression contemporaine. « Je suis enthousiaste à l’idée d’exposer au Musée des beaux-arts de Montréal et ravi de présenter mon travail dans les galeries exceptionnelles du pavillon Michal et Renata Hornstein », indique Dale Chihuly.
Une exposition sur mesure pour le Musée des beaux-arts de Montréal
Maître d’œuvre de ses installations in situ, Chihuly a arpenté les salles d’exposition du pavillon Michal et Renata Hornstein pour créer un parcours unique. Il nous propose neuf environnements immersifs dont quatre installations conçues spécialement pour le Musée : une Colonnade persane et une installation de Mille Fiori. Tenant compte de l’architecture du pavillon, il dispose ses œuvres tantôt individuellement, tantôt en groupes, au fil des salles. « Figure de proue du Studio Glass, Chihuly transcende la matérialité de ce médium et révèle un imaginaire foisonnant au vocabulaire éclaté, librement emprunté aux formes naturelles. Chargées de merveilleux, ses œuvres sont le fruit d’une exploration astucieuse de la couleur, de la forme, de la lumière et de l’espace », explique Diane Charbonneau, conservatrice des arts décoratifs et du design au MBAM. Voici donc quelques-unes des œuvres qui fascineront à coup sûr le public.
1. Soleil
Dans l’espace public de la métropole, rue Sherbrooke, Chihuly nous accueille dès l’escalier extérieur du pavillon Michal et Renata Hornstein, construit en 1912 par les frères Maxwell. L’œuvre monumentale Soleil forme une tour arrondie d’environ cinq mètres de diamètreémettant des rayons composés de vrilles de couleurs primaires – deux teintes de jaune –, avec plusieurs éléments bleus ou rouges.
2. Roseaux turquoise
Une fois à l’intérieur du pavillon Michal et Renata Hornstein, la visite immersive débute avec une gigantesque forêt idyllique de Roseaux turquoise, constituée de plusieurs dizaines de formes lancéolées, fichées dans d’anciens troncs de thuyas géants. Spectaculaire, cette installation réunit des couleurs, des densités et des textures diamétralement opposées.
3. Plafond persan
Le fameux Plafond persan de Chihuly est une des œuvres les plus appréciées du public. Il comporte une multitude de rondels (éléments circulaires de vitrail, munis de leur propre armature métallique, au centre d'une verrière civile) aux formes variées et aux couleurs vives, disposés par accumulation sur des plaques de verre transparent. Attention ! Il faut parfois s’allonger au sol pour en apprécier toute la splendeur.
4. Les « Lustres » et les « Tours »
Suspendus ou dressés vers le ciel, les « Lustres » et les « Tours » aux contours hirsutes sont des exploits formels combinant le verre soufflé à des armatures d’acier de plusieurs centaines de kilos chacune. Quatre lustres et une tour sont déployés dans la même galerie. Leurs configurations complémentaires rappellent les stalagmites et les stalactites des cavernes. Créés pour la première fois en 1992, les « Lustres » font référence aux luminaires anciens, mais s’en dissocient par leur échelle et par leur absence de fonctionnalité : ils réfléchissent en effet la lumière au lieu de l’émettre, comme c’est le cas pour Ananas rouge, recréé tout spécialement pour le Musée. « L’idée de la tour, explique Chihuly à propos de ces sculptures posées au sol, m’est venue en regardant l’un de mes lustres et en l’imaginant en position inverse. »
5. Les « Barques »
Les « Barques » ressemblent à des cornes d’abondance. Elles sont venues s’ajouter au répertoire de Chihuly en 1995, lorsque l’artiste et son équipe ont séjourné en Finlande pour la production des lustres de Chihuly Over Venice. D’un geste spontané, Chihuly a alors lancé à l’eau différents éléments de verre puis demandé à de jeunes garçons de les ramener à la rive en barque. Aujourd’hui, il présente régulièrement de vieilles barques sur les plans d’eau de certains jardins ou les intègre à ses environnements imaginés pour des musées, comme ici, où les embarcations de Fiori et de Flotteurs se côtoient sur la surface réfléchissante d’une plateforme. Dans ces petits bateaux s’entassent une multitude de tiges florales et de vignes de la série des « Fiori » ou encore des sphères aux taches colorées de la série des « Flotteurs ». Ces dernières ont pris forme à la suite d’une visite au Niijima Glass Art Center, sur l’île du même nom, au sud de Tokyo. Leur configuration fait allusion aux flotteurs des filets de pêche japonais et aussi à ceux que Chihuly enfant trouvait sur les plages du Puget Sound (État de Washington).
6. Forêt de Macchia
La série des « Macchia » entreprise en 1981 a amené Chihuly à travailler avec les 300 teintes de verre coloré disponibles dans son atelier. D’abord conçues comme des pièces isolées, les «
Macchia » sont ensuite devenues Forêt de Macchia : « Depuis toujours, je m’intéresse à l’espace avant tout, a commenté Chihuly. Même lorsque je faisais des pièces isolées, un Cylindre ou une Macchia, c’est l’espace qui m’intéressait. Je ne pensais pas à l’objet en lui-même, je me demandais à quoi il ressemblerait dans une pièce. » Regroupées sur de minces socles d’acier et éclairées par le haut, les « Macchia » aux couleurs éclatantes prennent toute leur vitalité grâce à la lumière qui les traverse et se reflète sur les murs environnants, un effet rappelant les « murs de lumière » des vitraux européens.
--
Source: Musée des beaux-arts de Montréal
Crédit photo: Terry Rishel