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Lundi soir dans le public du Théâtre Maissoneuve une retenue inhabituelle, presque une timidité respectueuse, vis-à-vis de la scène, où se détachait soudain en ombre chinoise la silhouette impeccable de la chanteuse. Les applaudissements retentissent alors d’une force inégale, sans démonstration tapageuse ou interpellation familière dans une salle presque remplie.
L’ex première dame de France ne parle pas, elle chuchote. Minaude. Remercie beaucoup beaucoup, et parle d’amour, toujours. Pour les amants dans la foule, pour les amis disparus, pour les idylles impossibles…Et, surtout, pour son amoureux à elle, le Raymond de la chanson, que le public connaît sous les traits bien moins chouchous de Nicolas Sarkozy. Présent dans la salle, l'ex président aime s'afficher au premier rang des concerts de sa douce, comme Carla le souligne dans sa chanson «Mon Raymond c'est lui l'patron, c'est lui qui tient la boutique.»
Sur la scène, Carla Bruni déploie en 90 minutes chrono le répertoire de quatre albums. Le premier, en 2002, fut porté par le succès considérable de "Quelqu’un m'a dit" qui clôturera la soirée.
"Little French Songs", sorti l’an dernier, fait le gros œuvre de la set list. Un pianiste-trompettiste à sa droite, un guitariste jazzy à sa gauche, derrière elle un écran passant de mignonettes vidéos d’elle-même, la chanteuse récite son répertoire avec un dilettantisme parfois touchant, souvent limite: ses joliesses vocales, flirtant avec les graves sensuels, sont l’unique argument de son chant qui peut lasser, surtout lorsque séduction devient affectation.
Sa jeunesse «endiablée», comme elle le chante, sa surmédiatisation planétaire et aujourd’hui son statut d’exception, rendent pour le moins étonnante l’image de grande amoureuse simple et naïve qu’elle revendique dans ses chansons, telle l’éternelle ingénue se présentant presqu’en s’excusant au jugement du monde.
Carla a su charmer son auditoire sans fausse note avec panache et teinte de velours.
©Photo : AFP/ Éric Feferberg