Image

La pièce de Romeo Castellucci, « Sur le concept du visage du fils de Dieu », fait réagir. Non seulement la pièce soulève des questions quant à la relation que nous entretenons avec la religion, mais elle attise les sens. La première de la pièce dérangeante et troublante présentée jusqu'au 3 juin a eu lieu le 31 mai au théâtre Jean-Duceppe.
Tout dans cette pièce amène l'émotion, à commencer par le décor simple d'un blanc éclatant, en passant par les sons et le visage du Christ du peintre Messine en toile de fond. C'est sous son regard insondable que Gianni Plazzi et Sergio Scarlatella, les deux comédiens principaux, jouent leur jeu. Ils sont excellents et malgré que la pièce soit en italien, le propos et l'émotion sont compréhensibles.
La pièce relate l'histoire d'un homme (Sergio Scarlatella) qui s'apprête à partir travailler. Son vieux père incontinent (Gianni Plazzi) est sagement assis devant la télé quand tout à coup ce qui devait arriver arriva. Patiemment, son fils entreprend de nettoyer le vieillard. La scène se répète, sous le regard de Jésus. Un quotidien dans ce qu'il a de plus cru est exposé aux spectateurs. Le son, conçu par Matteo Braglia, est tout simplement prenant, même les silences parlent.
Bien sûr, il est question d'excréments et d'enfants avec des grenades. Bien sûr, il y a le portrait de Jésus. Et bien sûr, mélanger ces éléments peut paraître douteux. Mais il faut voir au-delà du brut et comprendre l'image et le propos. Les deux personnes à l'extérieur avec des pancartes titrant « Un peu de respect svp pour Jésus » n'ont certainement pas vu la pièce, ou du moins n'ont pas pris le temps d'essayer de la comprendre.
C'est sur la phrase « You are « not » my shepherd », le « not » apparaissant et disparaissant, que la pièce se termine, laissant les spectateurs sur leurs interrogations. Bien que la pièce, ses comédiens et l'équipe n'ai pas obtenu d'ovation, il y a quand même eu plusieurs personnes debout à applaudir. Une pièce à voir dans le cadre du Festival TransAmériques.